En cours de création
Un regard intime
sur notre démarche artistique
Au moment d’élaborer un nouveau spectacle, le chaos émerge. N’ayant aucune idée de ce qui se passe, je dois composer avec toutes les pensées, les émotions et l’anxiété qui m’habitent.
Le sens que prend l’histoire dépend de la façon dont je porte cette charge émotive.
Mon approche résulte d’une carrière marquée par l’utilisation de moyens de fortune où les seuls objets avec lesquels nous pouvions créer étaient soit abandonnés, trouvés, abordables, donnés ou gratuits.
Nous avançons dans le chaos avec ce qui nous est offert sans trop savoir ce que nous allons trouver. Ensuite, on met de l’ordre dans ce qui émerge.
C’est ce que fait le cerveau humain pour survivre. En effet, ce processus séquentiel fait partie intégrante de tout être humain. La seule différence, c’est que nous le lui faisons remarquer.
Pourquoi? En dévoilant ce secret de la psyché humaine, de multiples histoires, même contradictoires, peuvent exister en même temps dans le même espace. Reconnaître consciemment des histoires divergentes leur permet de coexister.
Et porter deux réalités inconciliables peut avoir un effet curatif.
La genèse d’un spectacle de STO Union est toujours chaotique. À différents moments, je crée des structures au chaos, ce qui met de l’ordre. L’ordre éclaire ensuite la trame d’un monde naissant. Finalement, une forme émerge du potentiel créatif infini que recèle tout spectacle.
Ce dernier sort de l’ombre selon l’optique-structure attribuée. La plupart des optiques dans lesquelles j’envisage un spectacle sont psychologiques, spirituelles ou religieuses. Tout courant théâtral contient ces éléments, certains s’y attardent plus que d’autres. Le comportement humain et sa transposition à la création théâtrale me passionnent depuis toujours.
Grâce à mes professeurs (que je remercie infiniment), j’ai trouvé des outils dont je me sers toujours pour débrouiller le chaos :
Voici une version animée de la structure de l’égo selon A.H. Almaas. Pendant une trentaine d’années, j’ai participé à des groupes de méditation et l’image suivante m’a été offerte à ce moment-là, mais je ne suis pas tout à fait certaine de sa provenance. L’œuvre d’Almaas est vaste et son analyse, perspicace (l’animation est artistique et ne représente rien) :
Une roue d’émotions avec symboles complémentaires. L’origine de cette roue est inconnue et des symboles porte-bonheur y ont été ajoutés :

Les cinq éléments. La quantité d’informations sur ce sujet est immense. J’aime revenir à cette image. Combien d’éléments sont contenus dans un spectacle? Y’a-t-il un élément dominant? De quel genre de spectacle s’agit-il si l’élément dominant est le bois? Quelle sera l’alchimie particulière entre l’élément dominant du spectacle et ceux des spectateurs?

La « PLATTA » (un néologisme de mon cru qui signifie Déroulement du spectacle)
Lorsque le processus créatif est à mi-chemin, j’applique la « platta » à tous les aspects du spectacle en devenir. Elle permet d’établir l’ordre des événements lorsqu’on considère tout ce que l’on sait jusqu’à présent. La « platta » agit à plusieurs niveaux, le plus évident étant les suites d’actions théâtrales qui se déroulent dans un certain ordre. À titre d’exemple, voici la « platta » de premier niveau de la production 7 Important Things (2007 – 2015) de STO Union :
